Laisser venir les horizons après la
catastrophe. Retrouver le sens de la tribu, les racines des éléments, dormir
dans les courants, jouir avec les arbres, sauter les dunes, accéder aux
étoiles. Revenir à la joie. Jouer avec le feu sans se brûler. Retrouver une
énergie vitale, celle qui vous entraîne à courir et sauter. Sans rire. Avec
application. Corps fragiles, lisses, solidaires, en tribu, itinérants, en
résonance avec le paysage. (…)
Dans ces photos, encore auréolées de
feu, d’eau, d’air, de terre, se situe l'histoire quotidienne d’une tribu
d’avant le déluge.
Fiers de leur corps qui chorégraphient l’espace, ils déroulent cet infini rituel qui leur a permis de survivre au-delà de nos mémoires.
Innocents, ils flottent hors du désir, ils se lovent dans les pierres, et ils sont pierres qui songent eux-mêmes.
Fiers de leur corps qui chorégraphient l’espace, ils déroulent cet infini rituel qui leur a permis de survivre au-delà de nos mémoires.
Innocents, ils flottent hors du désir, ils se lovent dans les pierres, et ils sont pierres qui songent eux-mêmes.
Gil Pressnitzer
Après avoir travaillé pendant plusieurs années sur la
relation dénudée entre l’homme et l’environnement dans la série Homo Sapiens, j’ai voulu aller plus
loin.
J’avais déjà constaté que la nudité est un moyen de
faire sauter une partie de notre vernis civilisationnel. Lorsque l’on se
retrouve, nu, loin de la chaleur d’un abri, fragile au milieu de la nature, une
lointaine mémoire remonte... L’élément Feu, plus qu’un autre, parle à l’homo
sapiens qui est en nous.
J’ai voulu explorer l’expérience humaine et
photographique, qui consistait à réunir une tribu de 18 à 65 ans, et la faire
vivre, nue, autour d’un feu. Une bande de doux dingues, qui ne se connaissaient
pas entre eux m’a suivie, et nous nous sommes retrouvés, loin de la
civilisation.
Je les ai amenés doucement à aiguiser leurs sens, à
découvrir cet environnement sauvage, à se découvrir, puis à se dévêtir.
Et là, la magie que j’avais pressentie a agi.
La nudité a très vite été oubliée. Les relations entre
les membres de cette tribu se sont d’emblée situées à un autre niveau, un
niveau plus essentiel.
Le froid, le brulant, le vent sur la peau, l’odeur du
feu, le noir tout autour, inquiétant, les bruits sauvages, les autres à côté,
tout près, tout cela a réveillé notre cerveau limbique. La sensualité de la
peau enfin libre, les retrouvailles avec une solidarité surtout féminine, la
reconnaissance d’une masculinité assumée sans démonstration, la force de la
tribu, tout cela ressenti avec les corps, déconnectés d’un intellect
hégémonique, nous emmena dans un voyage en dehors du temps.
Du fonds des âges, et du tréfonds des êtres a surgi
une mémoire indistincte, intuitive, compacte, profonde, qui nous a tous
ébranlés.
Nul message, ni démonstration dans mon propos, mais
l’envie de donner à voir cette aventure.
2 commentaires:
Beau travail la mère! Même après plusieurs années, ça reste fort!
Des bisous
C'était pleinement une nuit magique.
Au début, curieux de cette expérience nouvelle et en même temps, appréhendant cette rencontre, j'ai vécu ce moment magique pleinement.
Cette mise à nu physique, au lieu de créer une gène et de la réserve, a produit un sentiment de plénitude, des rencontres très pures, simples et sans préjugés.
Nathalie a créé cette ambiance si propice à cette magie, qui transparaît complètement dans ses photos.
Merci pour ces instants inoubliables ...
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