15 février 2015

Tribu

Laisser venir les horizons après la catastrophe. Retrouver le sens de la tribu, les racines des éléments, dormir dans les courants, jouir avec les arbres, sauter les dunes, accéder aux étoiles. Revenir à la joie. Jouer avec le feu sans se brûler. Retrouver une énergie vitale, celle qui vous entraîne à courir et sauter. Sans rire. Avec application. Corps fragiles, lisses, solidaires, en tribu, itinérants, en résonance avec le paysage. (…)
Dans ces photos, encore auréolées de feu, d’eau, d’air, de terre, se situe l'histoire quotidienne d’une tribu d’avant le déluge.
Fiers de leur corps qui chorégraphient l’espace, ils déroulent cet infini rituel qui leur a permis de survivre au-delà de nos mémoires.
Innocents, ils flottent hors du désir, ils se lovent dans les pierres, et ils sont pierres qui songent eux-mêmes.
Gil Pressnitzer

Après avoir travaillé pendant plusieurs années sur la relation dénudée entre l’homme et l’environnement dans la série Homo Sapiens, j’ai voulu aller plus loin.
J’avais déjà constaté que la nudité est un moyen de faire sauter une partie de notre vernis civilisationnel. Lorsque l’on se retrouve, nu, loin de la chaleur d’un abri, fragile au milieu de la nature, une lointaine mémoire remonte... L’élément Feu, plus qu’un autre, parle à l’homo sapiens qui est en nous.

J’ai voulu explorer l’expérience humaine et photographique, qui consistait à réunir une tribu de 18 à 65 ans, et la faire vivre, nue, autour d’un feu. Une bande de doux dingues, qui ne se connaissaient pas entre eux m’a suivie, et nous nous sommes retrouvés, loin de la civilisation.
Je les ai amenés doucement à aiguiser leurs sens, à découvrir cet environnement sauvage, à se découvrir, puis à se dévêtir.
Et là, la magie que j’avais pressentie a agi.
La nudité a très vite été oubliée. Les relations entre les membres de cette tribu se sont d’emblée situées à un autre niveau, un niveau plus essentiel.
Le froid, le brulant, le vent sur la peau, l’odeur du feu, le noir tout autour, inquiétant, les bruits sauvages, les autres à côté, tout près, tout cela a réveillé notre cerveau limbique. La sensualité de la peau enfin libre, les retrouvailles avec une solidarité surtout féminine, la reconnaissance d’une masculinité assumée sans démonstration, la force de la tribu, tout cela ressenti avec les corps, déconnectés d’un intellect hégémonique, nous emmena dans un voyage en dehors du temps.

Du fonds des âges, et du tréfonds des êtres a surgi une mémoire indistincte, intuitive, compacte, profonde, qui nous a tous ébranlés.

Nul message, ni démonstration dans mon propos, mais l’envie de donner à voir cette aventure.

























































2 commentaires:

Anonyme a dit…

Beau travail la mère! Même après plusieurs années, ça reste fort!

Des bisous

Unknown a dit…

C'était pleinement une nuit magique.

Au début, curieux de cette expérience nouvelle et en même temps, appréhendant cette rencontre, j'ai vécu ce moment magique pleinement.

Cette mise à nu physique, au lieu de créer une gène et de la réserve, a produit un sentiment de plénitude, des rencontres très pures, simples et sans préjugés.

Nathalie a créé cette ambiance si propice à cette magie, qui transparaît complètement dans ses photos.

Merci pour ces instants inoubliables ...