La maison de ma lignée maternelle, où s'enracinent les souvenirs de 6 générations, et dépositaire de ceux des 6 précédentes... L'oralité y est très importante: nous nous transmettons les histoires de nos ancêtres, de mère à fille, depuis longtemps. Des trésors y sont pieusement conservés: les photos dont certaines remontent au milieu du XIXeme siècle, aux débuts de la photographie, un agenda de 1928 où ma bisaïeule consignait toutes les dépenses du ménage, et qui raconte sa vie...
Au milieu du XIXeme siècle, les parents nourriciers (!) avaient une place dans l'album familial
Ce capitaine de corvette du milieu du XIXeme est un de
mes aïeuls, ma foi plutôt beau gosse. On raconte qu'il connut une fin
brutale à 35 ans: alors qu'il voguait sur des mers lointaines, il tomba à
la mer, ou autre version plus romantique, y fut aidé, victime d'une
mutinerie (?). Son épouse, fit ce soir- là, un rêve prémonitoire (dont
elle nota la date), où il disparaissait. Plusieurs mois plus tard,
lorsque son vaisseau se présenta en rade de Toulon, son pavillon était
en berne, la presque veuve annonça son intuition de la triste nouvelle,
que l'équipage, une fois débarqué, confirma. Une autre époque, il y a
juste 150 ans, où l'on pouvait être veuve depuis des mois, sans le
savoir, même pas par un petit sms!
Je ne me lasse pas de feuilleter cet agenda de ma bisaïeule: elle y notait consciencieusement toutes les dépenses et les recettes de son modeste ménage, qui en disent long sur les difficultés, mais aussi sur le mode de vie de l'époque. Epouse de pêcheur, elle prenait le train au petit matin, et allait vendre la pêche de la nuit à une "crieuse" du marché, qui se chargeait de la vente. Pour gagner quelques sous supplémentaires (il fallait payer le pensionnat!), elle vendait aussi les oeufs de ses poules.Tout son quotidien, affleure à la lecture de ces pages émouvantes, qui racontent la vie par le menu (aux 2 sens du terme!). L'achat de chaussures, par exemple, était une grosse dépense, et justifiait des "raccomodages" successifs, également assez onéreux (16 francs!). Les mensurations de ses fillettes, en bas de l'image, étaient nécessaires pour la couturière," louée" à la journée. L'"étoffe" pour un tablier, c'était 24F !
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