6 avril 2014

Le Canal du midi (1)

Voilà des années que j'en ai envie: faire le canal du midi à vélo, relier, à la force de mes mollets, Toulouse à ma Méditerranée.
Et puis depuis quelques années déjà, je suis de plus en plus attirée par l'itinérance: 
me déplacer d'un point à un autre sans l'aide d'un moteur,
cheminer tous les jours,
étirer le temps à chaque pas ou à chaque tour de pédale,
s'étonner de la fluidité de mon corps, pour une fois, lâché dehors, comme un jeune (!) chiot
jouir du premier tour de pédale dans la lumière du matin,
goûter la lassitude de l'arrivée à l'étape, fière du chemin accompli,
s'arrêter dans la chaleur d'un gîte,
et reprendre la route,
inlassablement,
vers l'ailleurs.

Une fenêtre météo de quelques jours de très beau temps s'annonce, et après 3 semaines de révisions et de partiels, j'ai bien mérité de m'oxygéner les neurones: let's go!


Le canal du midi est un défi pour le photographe: les paysages, rythmés par le serpent d'eau, et ses rideaux d'arbres, semblent monocordes, et plus que tout, les "clichés" sont à proscrire... 
A voir!

Voilà que le canal me saisit: voie d'eau hors du temps, presqu'inchangée depuis le XVIIeme siècle, dont le cotoiement s'avère apaisant, zénifiant. L'effort physique, en l'absence de vent, est doux mais constant, ce qui me va à merveille. Les écluses rythment l'avancée, et j'ai un plaisir d'enfant à regarder cet ascenseur d'eau faire grimper plusieurs tonnes de péniche.

Petit à petit le canal livre ses secrets, ses couleurs, ses ouvrages d'art, qui forcent l'admiration, son peuple d'habitués.
Il structure désormais les pays qu'il traverse, surplombe les plaines, troue les colines, enjambe les rivières, reçoit les cours d'eau, recrache son trop plein, insouciant de l'agitation des hommes d'aujourd'hui.

Ses rives abrite une faune riche d'oiseaux d'eau et d'artistes perchés.
Ainsi donc, voici "mon" canal:


Voici un signe de piste: celui qui l'a fait se reconnaîtra?







Le seuil de Naurouze, de partage des eaux. A partir d'ici, je descends vers ma Méditerranéee






Le bassin de Castelnaudary; les tempêtes y sont telles que, dit-on, les bateaux peuvent y naufrager!


Le printemps balbutie encore, mais les saules sont les premières sentinelles à annoncer l'explosion verte.
Quelle grâce dans ces arbres hermaphrodites, yin et yang, alanguis sur l'onde...

1 commentaire:

François Canard a dit…

...des lieux ...communs á nos deux coeurs , même si lá...
que du bonheur que de me remémorer ceci
je t'embrasse belle !